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Exposition d'art

SOLIDARITÉ, SEXUALITÉ, SORORITÉ

24 novembre 2021

À L’OCCASION DU 25 NOVEMBRE, LA JOURNÉE INTERNATIONALE POUR L’ÉLIMINATION DES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES, LA MAISON DES FEMMES DE SCHAERBEEK ORGANISE UNE EXPOSITION. NEUF ARTISTES PRÉSENTENT LEURS ŒUVRES AUX ÉCHOS FÉMINISTES ET DÉNONCIATEURS.

Trois femmes s’étreignent. Leurs pieds sont enfouis dans le sable, à côté de coraux rouges. Leur longue chevelure ondule dans l’eau, frôlée par des poissons et des méduses.

Cette toile symbolise la sororité. Vous pouvez l’observer en plein air avenue Louis Bertrand, à la pointe du parc Josaphat. Plantés dans l’herbe verte, de larges piquets de bois dressent une dizaine d’œuvres militantes. Elles font partie de l’exposition féministe « Solidarité avec les femmes du monde entier ». Ce titre reprend un slogan féministe clamé lors de manifestations. Les autres œuvres de l’exposition sont présentées à la Maison des femmes de Schaerbeek, l’organisateur de l’événement. Le vernissage a lieu ce soir à 18h, mais l’exposition débutera le 25 novembre, pour célébrer la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes.

Depuis trois ans, Julie Wauters, coordinatrice de la Maison des femmes, organise pour cette occasion un concours pour sélectionner les artistes qui seront programmés. Accompagnée de Sihame Haddioui, échevine pour l’égalité des genres et des chances à Schaerbeek, elle a choisi neuf plasticiennes. Professionnelles ou amatrices, elles viennent d’horizons et de générations différents. « Leur art sort de leurs tripes, pour venir dénoncer des réalités sociales » affirme la coordinatrice.

Les œuvres sont variées. Françoise Cardinaux a réalisé Femmes ensauvagées, des portraits de femmes à l’acrylique défigurant leur visage par d’épais coups de pinceaux. Esther Latone revendique le droit des femmes à disposer de leur corps. Elle photographie des objets avec des allégories fortes, comme une aiguille à tricoter rappelant les méthodes dangereuses des avortements clandestins.

Une autre création frappante est celle d’Elodie Fournot : un livre sur l’histoire des femmes reprenant l’esthétique de Gallimard. Mais les pages sont entièrement blanches. « Personne n’écrit sur l’histoire des femmes, c’est toujours l’histoire des hommes qui est mise en valeur » ironise Julia Wauters d’un rire jaune.

RENDRE VISIBLE L’INVISIBLE

Le choix de réaliser une partie de l’exposition hors des murs n’est pas neutre. Se réapproprier l’espace public est un enjeu féministe souligne Julia Wauters : « Faire une exposition dehors permet de lutter contre l’aveuglement de la société face aux violences faites aux femmes, de lutter contre l’invisibilisation des femmes ». Le message est aussi plus porteur. Les passants pourront tomber par hasard sur ces œuvres. L’emplacement est stratégique. Il est situé à un carrefour entre deux quartiers opposés : Louis Bertrand et Josaphat, l’un étant plus favorisé que l’autre. Le but est de rassembler un public varié.

Anna Simon expose à la Maison des femmes depuis plusieurs années. « J’apprécie la dynamique instaurée par Julie Wauters. Elle respecte les artistes, en leur donnant une utilité publique et sociale » indique-t-elle avec admiration.

UN CORPS-À-CORPS ARTISTIQUE

L’une des créations d’Anna Simon, L’inutilité du plaisir féminin, a été sélectionnée pour cette exposition. L’artiste a représenté un corps mutilé, sans tête, et avec des bras coupés. Elle travaille pour la première fois sur un aussi grand format. Elle déclare que cette taille décuple l’impact de l’œuvre : « La grandeur permet de m’affirmer. La représentation du corps est à échelle humaine. Le spectateur fait un corps-à-corps avec la peinture. Il peut la ressentir profondément ».


Sa méthode de travail est très intuitive. Elle « ne réfléchit pas » au thème de ses toiles avant de les commencer. Elle « se laisse guider par son crayon et se retrouve parfois étonnée par le résultat ». Cette fois-ci, son pinceau s’est emparé d’un sujet sensible : le plaisir féminin, et plus particulièrement la masturbation féminine. « On commence à peine à parler de l’auto-plaisir des femmes, et ce n’est pas très valorisé. J’ai 60 ans et, avant, c’était un pur tabou ! » s’exclame-t-elle. Après un court silence, elle reprend : « C’est incroyable à l’heure du porno et des images de femmes à poil partout. La masturbation est un élément fort de l’épanouissement féminin. Il y a un interdit car, justement, c’est libérateur ».


L’exposition « Solidarité avec les femmes du monde entier » pourra être admirée jusqu’au 10 décembre.

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