Molenbeek
FATIGUE DES EMPLOYÉS COMMUNAUX
23 novembre 2021
CE MARDI À 9H LES EMPLOYÉS COMMUNAUX ET LE CPAS DE MOLENBEEK S’ARRÊTERONT DE TRAVAILLER DURANT DEUX HEURES ET DEMIE. SOUTENUS PAR UN FRONT SYNDICAL COMMUN, ILS REVENDIQUENT DES CONDITIONS DE TRAVAIL DÉCENTES. CETTE DÉCISION SURPREND LEURS SUPÉRIEURS.
Surcharge de travail, Manque d’effectif, Heures supplémentaires impayées, Manque de moyens : telles sont les plaintes des employés communaux et du CPAS. Pour faire entendre leur voix, ils se rendent sur la place communale de Molenbeek à 9h ce matin pour un arrêt de travail de deux heures et demie. Un front syndical commun, formé de la CSC, de la CGSP et du SLFP, les épaulera.
La hausse des salaires est une des revendications. Les employés du secteur public sont payés en fonction de leur diplôme. Yannick Van Boeckeld, permanente syndicale SLFP dénonce des offres d’emploi malhonnêtes : « Les descriptions de fonctions au CPAS sollicitent par exemple un niveau A alors que cela correspond à un niveau C. Le personnel est alors sous-payé par rapport aux tâches. C’est de l’esclavagisme moderne ». Les employés des bas niveaux seraient de plus en plus polyvalents mais leur salaire n’augmenterait pas.
Rachid Barghouti, le porte-parole de la bourgmestre de Molenbeek, n’est pas de cet avis. Les profils de fonctions sont, d’après-lui, extrêmement précis sur les taches et les profils. Ils sont rémunérés sur la base des barèmes. Une réforme régionale devrait également débuter le 1er janvier 2022. Tous les employés communaux se verront augmenter leur salaire tous les deux ans. « C’était déjà le cas avant mais il y avait un plafond d’augmentation au bout d’un certain nombre d’années. Ce ne sera plus le cas » éclaire-t-il.
UN MANQUE D’EFFECTIF DÉNONCÉ
Le sujet de la surcharge de travail désole Yannick Van Boeckeld. La syndicaliste est affligée par le manque d’effectif au sein des employés communaux et du CPAS de Molenbeek. Le personnel est obligé de porter à bout de bras un ensemble de taches nécessitant bien plus de main-d’œuvre. Le porte-parole de la bourgmestre est malheureusement d’accord. « Nos postes ne sont pas tous pourvus», regrette Rachid Barghouti, « nous ne trouvons pas le personnel nécessaire sur le marché du travail ».
Le manque d’effectif provoque parfois des burn-out ou des arrêts maladies, ce qui enfouit le personnel dans une spirale infernale. Yannick Van Boeckeld soupire : « Les responsables mettent beaucoup de pression sur leurs employés. D’autant plus que la population de Molenbeek est très précaire. Au CPAS, si il y a des retards dans le traitement des dossiers, cela crée une population énervée ce qui empire la situation. C’est épuisant ».
La présidente du CPAS de Molenbeek, Dina Bastin, tente de nuancer la situation : « Le personnel a une répartition de dossiers raisonnable. Chaque assistante sociale traite maximum 100 dossiers par mois, ce qui revient environ à 6 dossiers par jour. Ce n’est pas insurmontable ». Elle finit cependant par avouer qu’elle a besoin de conserver au sein de son entreprise les 60 personnes embauchées en CDD il y a quelques mois. « J’espère qu’une partie de ce personnel continuera de travailler après le 31 décembre, date de fin de leur contrat » souffle-t-elle.
En outre, la présidente démontre son fort intérêt pour le bien-être de ses employés. Un accompagnement psychologique a été mis en place par la médecine du travail après le Covid. « On a vraiment fait le maximum pour le bien-être des employés » martèle-t-elle.
UN DÉSACCORD FLAGRANT
Rachid Barghouti, tout comme Dina Bastin, est surpris par la manifestation de ce jour. « Le dialogue a toujours été notre priorité, avec des résultats tangibles et vérifiables. La veille du préavis d’arrêt de travail, on avait conclu un accord avec les syndicats après un comité de concertation » s’étonne t-il.
Questionnée sur ladite réunion survenue la semaine dernière, Yannick Van Boeckeld est catégorique. « Certes, on a miraculeusement eu un comité dernièrement. Mais la plupart sont souvent annulés ou reportés. Alors que c’est nécessaire pour reporter les demandes des travailleurs » proteste la syndicaliste.
Même si chacun reste campé sur ses positions, les deux parties sont prêtes à discuter.
« Nous lirons le cahier de doléances des manifestants avec beaucoup d’attention. Nous sommes ouverts au dialogue » promet Rachid Barghouti.