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Femmes sans-papiers

SORTIR DU HUIS-CLOS DES VIOLENCES

25 novembre 2022

DANS LE CADRE DE LA JOURNÉE INTERNATIONALE POUR L’ÉLIMINATION DES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES, DEUX ASSOCIATIONS ORGANISENT UNE MATINÉE DE DÉBATS. AU CENTRE DES RÉFLEXIONS : LES VIOLENCES SUBIES PAR LES FEMMES SANS-PAPIERS À BRUXELLES.

Pas de formation, pas de prise en charge médicale ni judiciaire, pas de travail déclaré, pas d’appartement… C’est le quotidien des 80 000 femmes sans-papiers à Bruxelles. Ce chiffre est approximatif, car aucune statistique officielle ne les recense.

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Ces contraintes les aliènent et les placent en première ligne de différentes formes de violences. Pour dénoncer cette situation, le Comité des femmes sans-papiers et le Collectif Formation Société organisent aujourd’hui une matinée d’échange et de débat autour de la lutte contre les violences faites aux femmes sans-papiers. Il s’agit d’un colloque qui célèbre la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes. Il se déroule sur Zoom et Facebook, en raison des contraintes sanitaires.

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Bintou Touré est porte-parole du Comité. Elle est originaire de Guinée et est arrivée en Belgique en 2016. « On organise cette journée car les violences faites aux femmes sans-papiers sont invisibilisées par la société et même par les féministes » déclare-t-elle.

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La plupart des femmes sans-papiers ont subi des traumatismes qui entravent leur épanouissement personnel. La porte-parole estime qu’« Une femme ne migre jamais par plaisir. C’est toujours un processus douloureux Â». Elles fuient les violences de leur pays : mariages forcés, viols, mutilations génitales, négation de leurs droits fondamentaux. Elles sont venues à Bruxelles avec l’espoir de trouver la liberté, mais elles sont confrontées à une violence institutionnelle : le refus de leur droit de séjour. Bintou Touré résume : « C’est la désillusion Â».

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Le fait de ne pas avoir de titre de séjour valable les enfonce dans un cercle vicieux. S’en suivent d’autres violences. Elles ne peuvent pas se former, travaillent au noir, sont sous payées, parfois impayées, n’ont pas accès à des soins médicaux et ne peuvent pas louer d’appartement. Ces problématiques se sont accentuées avec la pandémie. Trouver un travail au noir devient difficile. « La vie est très stressante Â» ponctue la Guinéenne.

UNE PROTECTION IMPOSSIBLE

Les femmes sans-papiers vivent beaucoup d’exploitation. Des exploitations au travail d’une part, mais nombreuses sont aussi victimes d’exploitations sexuelles. Puisque ces femmes n’ont pas de droit de séjour elles ne peuvent pas se protéger. Elles ne peuvent pas porter plainte. « Quand une femme sans-papiers va au commissariat, elle y entre comme victime et en sort comme criminelle » déclare Maria Freire, porte-parole pour la Coordination des sans-papiers. Elle poursuit : « Récemment j’ai une copine qui s’est fait agressée par son mari. Il frappait aussi ses enfants. La police est venue mais n’a rien fait car elle est sans-papiers ».

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Bintou Touré réside dans un squat à Ixelles. Elle explique que la commune a bien voulu les aider, ce qui n’est pas le cas partout. Ce squat existe depuis 2020, elle y vit avec 15 femmes et 7 enfants. « Ils nous ont laissé vivre dans le squat et avoir une carte médicale. Ce n’est pas l’idéal mais ça permet d’avoir un toit ». Même si des mesures sont mises en place au niveau communal, rien n’est fait au niveau régional ou fédéral.

UNIR LES FORCES FÉMININES

Comment les femmes sans-papiers peuvent-elles vivre décemment et être protégées en cas de violence ? Les porte-paroles du Comité des femmes sans-papiers et de la Coordination des sans-papiers sont unanimes : elles ont peu de moyen pour aider ses femmes. Des décisions doivent être prises au niveau juridique et politique. « Nous voulons qu’il y ait des garanties aux femmes sans-papiers : que justice soit faite. Nous voulons que le dépôt de plainte ne soit pas lié à l’identité administrative de la victime Â» plaide Maria Freire.

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Cette femme est brésilienne. Elle est arrivée en Belgique en 1999 et a vécu un parcours sinueux. Elle avait obtenu sa carte en 2009, mais elle l’a perdu depuis car elle a dû retourner au Brésil quelques années pour des raisons familiales. Ça ne la décourage pas pour autant : « Mon histoire m’a donné la force de me battre. Se battre pour ses droits et sa liberté est légitime, il ne faut pas baisser le bras Â».

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Le milieu associatif des sans-papiers tentent d’unir leurs forces pour donner de la visibilité aux violences. Protéger les femmes sans-papiers ne se fera qu’avec la solidarité de toutes les femmes.

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